Auteur(s)
Véronique de Geoffroy
« Le secteur de l’aide face aux enjeux climatiques, à la multiplication des crises et au risque d’effondrement » : ce sujet, laissé de côté dans les grandes conférences sur le changement climatique et l’aide internationale, a été au cœur des 12es Universités d’Automne de l’Humanitaire (UAH) du Groupe URD, organisées du 25 au 27 septembre 2019 en présence de 70 participants. Ce numéro spécial de la revue Humanitaires en mouvement restitue certains enjeux qui ont émergé lors de ces journées particulièrement riches.
Aujourd’hui où nous nous apprêtons à le diffuser, l’actualité nous rattrape. Le secteur de l’aide est-il en capacité de gérer une crise mondiale et systémique telle que celle du coronavirus ? Les acteurs humanitaires, habitués à travailler dans des contextes dégradés mais à partir de bases arrières en contexte stable et avec des moyens financiers et logistiques considérables, sauront-ils s’adapter ? Avec des équipes qui ne peuvent plus voyager et le risque d’une crise économique, il s’agit donc de s’adapter et d’innover, non seulement en termes technologiques mais aussi dans les manières de s’organiser, d’agir et d’être.
Au-delà de la crise sanitaire en cours, il s’agit de mieux préparer la réponse au défi du changement climatique et à la multiplication des crises. Il est aujourd’hui plus que grand temps : le dérèglement climatique impacte déjà la vie de millions d’êtres humains, en premier lieu les populations les plus vulnérables des régions les plus exposées : en Afrique, Asie, Océanie et Amérique latine. En Europe également, nous commençons à ressentir son impact (sécheresses, canicules, pluies diluviennes…). Les projections scientifiques annoncent un réchauffement planétaire de l’ordre de 2 à 7°C et une montée des océans entre 40 et 110 cm d’ici 2100. La chute dramatique de la biodiversité, ainsi que le pic de production des énergies fossiles et de nombreuses matières premières comme le phosphate, aggravent encore la situation avec un risque réel de crises alimentaires globales et l’augmentation des conflits liés à l’accès à des ressources de plus en plus rares…
Et si les sombres scénarios d’effondrement devenaient des réalités ?
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