Auteur(s)

François Grünewald

Tandis que les villes prenaient de plus en plus d’importance, avec l’accélération des processus d’exode rural et d’urbanisation, les conflits de la Guerre Froide orientaient l’action humanitaire vers les campagnes. La ville, théâtre de violence jusqu’au second conflit mondial avec les images des bombardements de Dresde, le siège de Stalingrad et les ruines de Hiroshima, a fait son retour en première page au début des années 90 avec les guerres à Sarajevo, Mogadiscio, Grozny… Les pratiques des humanitaires se sont trouvées largement inadaptées face à ces nouveaux contextes d’intervention. En 2001, le Groupe URD démarrait le projet de recherche « Villes en guerre et guerres en ville » afin d’éclairer les enjeux de l’humanitaire en ville et de la reconstruction urbaine. Cet effort s’est poursuivi avec d’importants travaux sur les villes afghanes, sur la reconstruction post-tsunami et enfin sur la prise en compte des spécificités urbaines dans la réponse au séisme en Haïti. Promouvoir les « lunettes urbaines » dans un monde où les crises en villes, si ce n’est la crise des villes, sont de plus en plus récurrentes et dévastatrices est, depuis dix ans, une de nos priorités.

La conférence « La ville face aux crises » organisée en avril 2011 en partenariat avec la Mairie de Paris et avec le soutien de la Région Rhône-Alpes, a permis à un grand nombre d’acteurs diversifiés (acteurs humanitaires et de développement, représentants d’ONG, d’agences des Nations unies, membres de la famille Croix-Rouge, Coopération décentralisée, ou universitaires,…) d’échanger sur leurs travaux et pratiques, et de partager leurs difficultés. Le présent numéro spécial de la revue Humanitaires en mouvement, écrit par les intervenants, tente de restituer la richesse des échanges de ce colloque. Loin de clôturer le sujet, ces contributions interpellent le secteur et posent des questions fondamentales appelant réflexion, approfondissement et innovation.