Auteur(s)
François Grünewald
Ne tirez pas sur l’ambulance !!!
Les humanitaires ne sont ni des ennemis à abattre, ni des marchandises à vendre. Pourtant, la récente attaque de la maison des employés des Nations unies à Kaboul démontre que les acteurs de l’aide en général et l’ONU en particulier sont clairement considérés comme des parties au conflit. En Somalie, la guerre entre le gouvernement de transition et les groupes d’opposition a fait exploser les prix des milices : ceux qui n’ont pas accès aux rentrées lucratives de piratage cherchent d’autres sources de revenus, et l’industrie des otages rend la présence sur le terrain extrêmement risquée. Au Darfour, la prise d’otages vise sans doute plus un but politique qu’une simple entrée d’argent, tandis que les récents évènements au Tchad et en RCA demandent encore une analyse fine.
Autour de ces situations, différentes démarches existent. A côté de celle du bunker, de l’humanitaire sous escorte, qui devrait rester le « dernier recours », se développent les stratégies pour renforcer l’acceptation des humanitaires par les populations et les acteurs de la violence, ou limiter l’attractivité que peuvent représenter les dispositifs d’aide. Enfin, dans certains contextes, les humanitaires utilisent les pratiques maintenant bien rodées du « contrôle à distance ».
Las, la violence envers ceux qui se sont donnés mission de porter assistance et protection à des populations dans la détresse continue, toujours plus dure, toujours plus inacceptable. Là, une équipe en ressort brisée, ici, un humanitaire repart dans un « body bag ». Certains sont nos amis, et nos pensées vont vers eux, leurs familles et leurs collègues … Mais la rage est pour nous, pour ceux qui restent et qui voient comment errements politiques des uns, dérives idéologiques des autres et stratégies prédatrices des derniers finissent par couper cet accès aux populations dans la détresse, si essentiel à notre cœur de métier.