Financé par
Commission européenne (DG ECHO)
Le contexte de l’époque
Entre 80% et 90% de la production agricole afghane provient des parcelles irriguées. Au cours des 25 dernières années, la guerre, les mouvements des populations réfugiées et l’insécurité de la période post-talibans ont eu de lourdes conséquences sur les systèmes d’irrigation, qui avaient été conçus en réponse à des besoins qui, depuis, ont énormément évolué. Le bassin de l’Amour Daria près de Kunduz est l’une des zones agricoles les plus avantagées d’Afghanistan. Ce que l’on appelait avant « le grenier à blé de l’Afghanistan » produit encore le meilleur blé du pays et une partie des produits maraîchers.
Les objectifs du projet
L’objectif principal du PMIS, financé en quasi-totalité par l’Union européenne, fut d’aider à réduire la pauvreté en améliorant la sécurité alimentaire. Il s’agissait notamment d’aider les communautés d’irrigants à améliorer leur gestion sociale et technique des réseaux d’irrigation, et de s’assurer que les plus pauvres ne sont pas exclus de cette gestion. Plusieurs activités ont été menées en ce sens :
- Le renforcement des connaissances en matière de pratiques de gestion de l’eau ;
- Une meilleure implication et organisation des usagers agricoles de l’eau d’irrigation ;
- Le renforcement des capacités institutionnelles afghanes, afin d’assurer la distribution, la gestion et les usages de l’eau de manière équitable et efficace.
Pour cela, un travail a été mené sur quatre réseaux de canaux : les canaux de Zargar et Nahr-e-Said dans la province de Takhar, et ceux de Jangharoq et de Qelagai dans la province de Baghlan.
La première année de recherche a permis de se concentrer sur les différents aspects conditionnant la gestion de l’eau :
- Tracé cartographique des réseaux d’irrigation, analyse de leur état et des ouvrages hydrauliques qu’ils supportent, des points critiques et difficultés techniques affrontées ;
- Organisation sociale passée et présente liée à l’utilisation de ces réseaux d’irrigation, enjeux de pouvoir qui y sont liés et rôle des mirabs, sorte d’intendants de l’eau au rôle incontournable ;
- Historique agricole de la région, ainsi que les dynamiques socio-économiques et agricoles à l’œuvre, et leur relation à la ressource hydrique.
L’objectif fut d’identifier la meilleure façon d’accompagner, dans cette phase post-conflit, la mobilisation de groupes d’usagers, afin de ne pas retomber dans les travers des conflits et de permettre une gestion durable et sociale de l’eau.
Le processus de mobilisation sociale a permis de créer et de formaliser des groupes d’usagers de l’eau, de façon à les intégrer dans le nouveau schéma d’organisation nationale de la gestion de l’eau par bassin versant. Ce travail a contribué à l’élaboration et la formalisation progressive de règles communes de gestion de l’eau sur trois canaux. Il s’agissait alors principalement de jouer un rôle de médiateur pour catalyser, faciliter et formaliser des modes opératoires définis par les communautés.
Le Groupe URD a été chargé de transformer les enseignements de ces recherches en orientations méthodologiques pour la mobilisation sociale.
Il s’agissait également de capitaliser et de communiquer, notamment avec le gouvernement central, sur les avancées de l’organisation des usagers et des besoins de régulation, pour participer activement à la construction du cadre juridique et régulateur, local et national.
Lors de la dernière année, un volet de recherche complémentaire s’est concentré sur les femmes, afin de mieux connaître leurs conditions d’accès à l’eau, leurs usages, besoins et pratiques pour la gestion de cette ressource. L’accent a également été mis sur les impacts des modes de gestion du canal par les hommes sur les activités des femmes et les améliorations à apporter.