Financé par
USAID, Irish Aid & UKAID
Le sujet de cette étude sur la sécurité en Haïti fut motivé par le constat suivant : les règles sécuritaires auxquelles se sont soumises les grandes organisations internationales (agences des Nations unies, ONG humanitaires, bailleurs de fonds, etc.) ont été extrêmement strictes et renforcées depuis le séisme. Aux lendemains de cette catastrophe, relativement peu d’ONG ont, par exemple, questionné le recours à une protection armée (armée américaine, Minustah, PNH) pour encadrer leurs distributions alimentaires. Le débat public sur l’implication des militaires dans l’aide humanitaire a davantage été porté par quelques intellectuels (N. Chomsky, M. Chossudosky) que par les acteurs humanitaires. Alors que les acteurs de développement vivent une vie quasi « normale », les contraintes sécuritaires que s’imposent les ONG humanitaires induisaient alors une coupure souvent forte avec la société haïtienne. Certains quartiers populaires ont été en partie délaissés en raison des risques sécuritaires avérés ou perçus.
Dans le cadre des activités de l’Observatoire du Groupe URD en Haïti, une étude a donc été réalisée sur le thème « Insécurité et aide humanitaire : l’impossible dialogue ? Décrypter les enjeux des politiques sécuritaires des organisations humanitaires dans l’Aire métropolitaine de Port-au-Prince ».
La sécurité en Haïti comptait parmi les sujets de controverses et de divergences les plus importants au sein et entre les organisations internationales. En effet, les perceptions de l’insécurité variaient diamétralement d’un acteur à l’autre, et notamment entre les organisations humanitaires et les ONG de développement.
Cette étude a apporté un éclairage nouveau sur les fondements des regards portés sur la violence et la criminalité dans l’Aire métropolitaine de Port-au-Prince, ainsi que sur le bien-fondé des mesures sécuritaires mises en place en réponse au problème de l’insécurité ou du sentiment d’insécurité. Elle eu pour ambition de fournir aux organisations humanitaires soucieuses de revoir leur approche de la sécurité en Haïti des éléments susceptibles de les aider dans cette démarche. Pour cela, il fut nécessaire d’élargir et d’approfondir le débat sur la sécurité des humanitaires au-delà des approches technocratiques de « gestion du risque » qui dépolitisaient alors le phénomène de l’insécurité et du sentiment d’insécurité.
Le 12 décembre 2013, l’Observatoire du Groupe URD en Haïti a organisé une restitution sous forme de table ronde des résultats de ce travail. Une douzaine de personnes responsables de différentes organisations humanitaires (Médecins sans Frontière, Oxfam Québec, CRS, ACTED, etc.) étaient présentes pour échanger en toute franchise sur cette importante et délicate question que représente la sécurité pour les organisations humanitaires.