Portée par une meilleure prise en charge des risques de traumatisme psychologique post-catastrophe ou accident dans les sociétés occidentales, la prise en compte de la santé mentale s’est également développée progressivement dans le secteur humanitaire au cours de la dernière décennie. Elle a ainsi bénéficié de l’émergence d’une prise de conscience des dégâts psychologiques qui a fait suite aux exactions commises lors de conflits, comme le génocide au Rwanda ou la pratique des viols collectifs en ex-Yougoslavie.
Les programmes d’aide psychosociale ciblent le plus souvent les enfants, avec toute une gamme d’activités dites « occupationnelles ». Un volet « économique et social » vise aussi les populations adultes. Cependant, et malgré des fonds dédiés en constante augmentation, les analyses ethnologiques et anthropologiques restent le plus souvent absentes des programmes mis en place. Les programmes pâtissent ainsi souvent de la non prise en compte des visions culturelles et religieuses de la mort, du deuil et de la douleur, et font couramment l’impasse sur les mécanismes existants de gestion des traumatismes.
Bien qu’importants et indissociables de l’aide humanitaire et au développement, et en dépit de cette prise en considération accrue, les enjeux liés à la santé mentale des populations touchées par les crises sont souvent ignorés dans les programmes de réponse. Cette discussion aura ainsi pour vocation de sensibiliser davantage le public à ses enjeux et à passer en revue les différentes initiatives, pratiques et défis liés à la prise en compte des soins psychosociaux.