Quelques éléments de rappels sur le programme KEY
Depuis plusieurs années, les interventions d’urgence se succèdent dans le nord et le centre du Mali. En 2016, l’Union européenne (UE) a décidé de lancer un vaste programme – nommé KEY (« se tenir debout » en langue locale) – qui se veut être une intégration de l’urgence dans le développement et qui a pour objectif de renforcer la résilience à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle des populations vulnérables du Mali. Cinq consortia d’ONG ont été retenus pour la mise en œuvre du programme dans les régions de Gao, Kidal, Ménaka, Mopti, Taoudéni et Tombouctou. Deux autres organisations, le Groupe URD et l’IRD (Institut de recherche pour le développement), ont été chargées de l’accompagnement et de l’évaluation du programme dans son ensemble. Ce vaste programme implique 27 ONG et de nombreuses institutions maliennes. Il couvre une zone à la fois immense et difficile constituée de 49 communes dans les six régions du nord et du centre, dont beaucoup sont à densité très faible de population.
Suivre les évolutions du contexte et les avancées du programme
Une troisième évaluation itérative avec mini séminaire (EIMS 3) démarre actuellement par des enquêtes dans les six régions du nord et du centre, et devrait s’échelonner sur les deux mois à venir. L’objectif général d’un processus d’évaluations itératives (EIMS) est de disposer d’informations sur l’avancement du programme en matière de contexte, de management et de degré de réalisation, afin de :
- Contribuer à l’amélioration du positionnement des acteurs et des activités ;
- Favoriser l’échange d’informations et l’apprentissage commun, et créer des synergies entre acteurs
- Identifier d’éventuels besoins de modifications et émettre des recommandations favorisant l’atteinte des résultats attendus en vue d’alimenter le pilotage stratégique ;
- Rendre compte aux autorités maliennes, aux bailleurs, aux partenaires et aux bénéficiaires de l’état de mise en œuvre du programme, notamment vis-à-vis des enjeux de redevabilité.
Cette troisième EIMS se penche sur la mise en œuvre des recommandations des précédentes, l’analyse des activités post-soudure agricole et saison de pluies, ainsi que sur les questions de gouvernance au sein et autour du programme.
Une quatrième EIMS sera réalisée au printemps 2020, suivie enfin par une évaluation globale finale du programme durant le deuxième semestre.
Des études pour développer l’apprentissage et démultiplier les effets, en partageant les leçons apprises tant en interne qu’en externe
Le rapport de l’étude sur la structuration de l’aide humanitaire en consortium et méta-consortium est finalisé et disponible en ligne. S’inspirant des leçons apprises du programme, un référentiel Qualité est également proposé pour essayer de souligner les éléments clés d’un « bon » consortium.
Le montage en consortium, fortement souhaité par les bailleurs, représente une modalité d’intervention de plus en plus présente et suscite souvent beaucoup d’interrogations. Pour l’aide humanitaire et la coopération au développement, un consortium représente une modalité de coopération en partenariat.
Cette étude identifiée par les acteurs KEY vise à améliorer le fonctionnement en consortium et en inter-consortia à partir des leçons apprises au Mali. Elle cherche à identifier les plus-values et les contraintes d’un fonctionnement en consortium et/ou inter-consortia, et les éléments nécessaires à la réussite de ce type de fonctionnement. Au-delà du programme KEY, ce travail peut servir de référence et de base de réflexion pour tout acteur concerné par ces questions.
L’étude sur les transferts monétaires à usage multiple se poursuit, afin de dresser un panorama et de proposer une revue des bonnes pratiques de ce type de programme. Elle devrait aussi aboutir à la définition d’une base de calcul commune pour les montants des transferts monétaires au sein de l’ensemble des acteurs impliqués au Mali.
Fin octobre, une réunion de consultation autour de l’étude a réuni l’ensemble des partenaires du consortium KEY. Sur la question des montants, un atelier a permis de réunir les protagonistes des transferts à but humanitaire (Programme Alimentaire Mondial (PAM), Programme KEY, cluster sécurité alimentaire, ECHO), de développement ou de protection sociale. Parallèlement, le PAM poursuit un travail de définition du panier des dépenses essentielles (dit aussi « panier de la ménagère ») qui devrait s’intégrer et prolonger la réflexion en cours.
Renforcer les compétences et communiquer
Dans des conditions de crise, la mise en œuvre des activités et l’atteinte d’une situation de résilience pour la population dépendent en partie de la capacité des acteurs de l’aide à s’adapter et à répondre efficacement aux évolutions du contexte aux différentes échelles. Cette « gestion agile » (ou adaptative) n’est cependant pas facilement mise en œuvre au Mali. Les acteurs humanitaires et de développement y sont en effet confrontés à une crise en constante évolution, faite de phases de calmes et de paroxysmes de violence, dans un contexte de grande incertitude qui tend à se prolonger sur le long terme. Les acteurs de développement qui se lancent dans de tels contextes s’éloignent de leur zone de confort (interventions de développement fondées sur un niveau minimum de stabilité) tandis que les acteurs humanitaires se trouvent confrontés aux difficultés des enjeux de la planification à plus long terme que ce dont ils ont l’habitude.
Le Groupe URD propose ainsi aux acteurs KEY une formation mi-janvier 2020 visant un double objectif. Celui de former les participants à la notion de « gestion agile » (ou adaptative) dans un contexte de crise complexe, incertaine et durable ; et faciliter l’identification des approches et des outils qui peuvent aider les acteurs humanitaires et de développement à s’adapter et à répondre efficacement à l’instabilité et l’insécurité du contexte au Mali.
D’ici la fin du projet, une autre formation sera programmée, le contenu restant à définir en fonction des besoins.
Enfin, en termes de communication, une série de vidéos sont en cours réalisation, l’objectif étant de diffuser largement les leçons apprises de ce type de programme.
Photo du Consortium LAFIA-PRORESA