Auteur(s)
Véronique De Geoffroy
La (dé)colonisation de l’aide. Comment aborder un sujet si sensible ? Le faut-il seulement ? Sommes-nous légitimes pour nous en saisir… ?
Autant de questions que nous nous sommes posées au sein de l’équipe du Groupe URD avant de décider de retenir ce sujet pour les 17èmes Université d’Automne de l’Humanitaire de septembre 2024, poussés par une actualité géopolitique où les anciens pays colonisés – notamment au Sahel – exigent de profondes transformations des rapports de force interétatiques, par l’exigence croissante des sociétés civiles du « Sud global » pour que les acteurs de l’aide internationale les reconnaissent et soutiennent plus fortement leurs rôles, par les luttes antiracistes qui traversent nos sociétés …
Il nous a semblé que notre centre de recherche en face du Mont Ventoux était propice à ce type de réflexion, pouvait permettre de faire un pas de côté et prendre le temps de s’interroger sur « Quels chemins vers une aide décolonisée ? ».
Une cinquantaine de participants et intervenants nous ont rejoint et nous avons exploré ensemble quelques facettes du sujet – historique, politique, financière, sémantique, etc. – du point de vue personnel, organisationnel et sociétal, dans un espace sécurisé spécialement conçu pour ce type de discussions.
Ces trois jours de réflexion ont fait émerger la nécessité, pour le secteur, de questionner certains positionnements individuels et collectifs qui entravent les transformations attendues et nécessaires d’un système encore habité par les héritages du passé et par conséquent le besoin de redéfinir ses modèles d’intervention. Plus qu’une simple déconstruction pour faire bouger les lignes, c’est bien une injonction à évoluer qui a soufflé lors de ces Universités.
Nous espérons que cette édition de la revue Humanitaires en mouvement, composée d’articles et de témoignages rédigés par certains intervenants et participants à nos côtés, saura restituer l’esprit qui nous a animé collectivement « pour des solidarités renouvelées » et participer ainsi aux réflexions des acteurs de l’aide, que ce soit au niveau individuel, au sein des organisations et dans d’autres espaces collectifs.